« Faute de convaincre les pays rétifs à l’accueil des migrants, l’Europe cède à leurs exigences »

Katarina Csefalvayova, directrice du think tank Institute for Central Europe, et François Gemenne, chercheur en science politique, estiment, dans une tribune au « Monde », que le pacte européen sur la migration et l’asile, présenté le 23 septembre, n’est pas un compromis entre solidarité et responsabilité, mais plutôt entre lâcheté et cynisme…


Tribune. La Commission européenne a présenté, le 23 septembre, son « pacte sur la migration et l’asile », qui est censé proposer une nouvelle approche équilibrée entre responsabilité et solidarité. En réalité, il s’agit surtout d’une nouvelle fuite en avant : faute de parvenir à convaincre les pays rétifs à l’accueil, elle a cédé à leurs exigences.

Depuis la signature du premier règlement de Dublin en 1990, l’Europe peine à se doter d’une politique commune en matière d’asile et de migrations. En l’absence d’une telle politique, ce sont 27 régimes d’asile très différents qui cohabitent au sein d’un même espace, et la fermeture des frontières extérieures est devenue le seul horizon commun. Trente ans plus tard, le bilan est effroyable : plus de 35 000 morts aux frontières, dont déjà 621 en Méditerranée pour la seule année 2020. L’Europe est devenue la destination la plus dangereuse du monde pour les migrants et les réfugiés.

Katarína Cséfalvayová